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mercredi 6 juin 2018

BIOGRAPHIE D'ASSIA DJEBAR


Assia Djebar, écrivaine et historienne (1936-2015)

SAMIR HACHANI


assia-djebar
Assia Djebar est une figure marquante de la culture algérienne, comme auteure et enseignante.
J’écris, comme tant d’autres femmes écrivains algériennes avec un sentiment d’urgence, contre la régression et la misogynie. Je me présente à vous comme écrivain ; un point, c’est tout. Je n’ai pas besoin – je suppose – de dire « femme-écrivain ». Quelle importance ? Dans certains pays, on dit « écrivaine » et, en langue française, c’est étrange, vaine se perçoit davantage au féminin qu’au masculin.

Enfance

Assia Djebbar (pseudonyme de Fatma Zohra Imalayene) est née le 30 juin 1936 à Cherchell, une ville côtière cossue distante d’une centaine de kilomètres à l’ouest de la capitale Alger. Elle s’est éteinte le 6 février 2015 à Paris, en France. Elle grandit dans une famille de petite bourgeoisie traditionnelle algérienne. Son père était instituteur issu de l’École Normale de Bouzeareh, ce qui était rare à l’époque.
Elle passa son enfance à Mouzaïaville (Mitidja), étudia à l’école française puis dans une école coranique privée. À partir de l’âge de 10 ans, elle étudia au collège de Blida, en section classique (grec, latin, anglais) et obtient son baccalauréat en 1953. En 1955, elle rejoint l’École Normale Supérieure de Sèvres (France). Elle est la première femme musulmane et la première Algérienne à être admise.

Une carrière en littérature et en enseignement

Son premier roman La Soif parut en 1957, suivi en 1958 par Les Impatients.
À partir de 1959, elle étudia et enseigna l’histoire moderne et contemporaine du Maghreb à la Faculté des lettres de Rabat (Maroc).
En 1962, l’année de l’indépendance, elle retourna en Algérie où elle enseigna l’histoire et la philosophie à l’Université d’Alger jusqu’en 1965 avant de retourner vivre en France, car l’enseignement de ces deux matières se fit, à partir de cette date, en langue arabe.
Entretemps, en 1962, sortit à Paris son troisième roman Les Enfants du nouveau monde.
Entre 1974 et 1980, elle enseigna de nouveau  la littérature française et le cinéma à l’Université d’Alger.
De 1983 à 1989, elle fut choisie par Pierre Bérégovoy, ministre français des Affaires sociales, comme représentante de l’émigration algérienne pour siéger au Conseil d’administration du FAS (Fonds d’action sociale).

Des États-Unis à l’Académie française

En 1995, elle devint professeur titulaire à Louisiana State University de Baton Rouge (États-Unis) où elle dirigea également le Centre d’études françaises et francophones de Louisiane. En 2001, elle quitta la Louisiane pour devenir professeure titulaire à New York University. En 2002, elle y fut nommée Silver Chair Professor.
Elle est Docteur honoris causa des universités de Vienne (Autriche), de Concordia (Montréal) et d’Osnabrück (Allemagne).
Son œuvre littéraire est traduite en vingt-trois langues. Une vingtaine d’ouvrages en français, en anglais, en allemand et en italien étudient son œuvre. Un colloque international lui a été consacré en novembre 2003, à la Maison des écrivains, à Paris (actes publiés en 2005).
Elle est élue à l’Académie française, le 16 juin 2005, au fauteuil de M. Georges Vedel (5e fauteuil). Elle devient alors la première écrivaine originaire du Maghreb à être élue à l’Académie.

Œuvres principales

  • La Soif, roman (1957)
  • Les Impatients, roman (1958)
  • Women of Islam (1961)
  • Les Enfants du Nouveau Monde, roman (1962)
  • Les Alouettes naïves, roman (1967)
  • Poèmes pour l’Algérie heureuse, poésie (1969)
  • Rouge l’aube, théâtre (1969)
  • Femmes d’Alger dans leur appartement, nouvelles (1980)
  • L’Amour, la fantasia, roman (1985)
  • Ombre sultane, roman (1987)
  • Loin de Médine, roman (1991)
  • Vaste est la prison, roman (1995)
  • Le Blanc de l’Algérie, récit (1996)
  • Les Nuits de Strasbourg, roman (1997)
  • Oran-langue morte (1997)
  • Ces voix qui m’assiègent: En marge de ma francophonie, essai (1999)
  • La Femme sans sépulture, roman (2002)
  • La Disparition de la langue française, roman (2003)
  • Nulle part dans la maison de mon père, roman (2007)

Filmographie

  • La Nouba des femmes du Mont Chenoua (1978)
  • La Zerda ou les chants de l’oubli (1982)
  • Filles d’Ismael dans le vent et la tempête –Drame musical en 5 actes (2002)

Prix littéraires

  • Prix Liberatur de Francfort, 1989 (Allemagne)
  • Prix Maurice Maeterlinck, 1995 (Bruxelles, Belgique)
  • International Literary Neustadt Prize, 1996 (États-Unis)
  • Prix Marguerite Yourcenar, 1997 (Boston, États-Unis)
  • Prix international de Palmi (Italie)
  • Prix de la paix des Éditeurs allemands, 2000 (Francfort)
  • Prix international Pablo Neruda, 2005 (Italie)
  • Prix international Grinzane Cavour pour la lecture, 2006 (Turin, Italie).

Ses œuvres marquantes

Film La Nouba des femmes du Mont Chenoua.

Tourné en 1976, ce film de 112 minutes raconte l’histoire d’une architecte, Leila, qui revient  au pays après quinze ans en compagnie de sa fille et de son mari, amputé des jambes après un accident. Il montre la différence entre sa vie et celle de ceux qui n’ont jamais quitté le pays. Il est relaté sur le style traditionnel de la Nouba, une chanson à cinq mouvements. A la recherche de ses souvenirs, elle rencontre successivement six femmes qui évoquent pour elle des épisodes de leur vie. Ce film a été tourné après des séjours dans la tribu maternelle des Berkani; elle y interroge la mémoire des paysannes sur la guerre. Il rend hommage aux femmes algériennes à travers l’histoire de Zoulikha, une héroïne oubliée de la guerre d’indépendance d’Algérie montée au maquis en 1957 et portée disparue deux ans plus tard après son arrestation par l’armée française. Assia Djebbar lui consacre son roman La femme sans sépulture en 2002. Ce film a été présenté à Carthage en 1978, puis à la Biennale de Venise, en 1979 où il obtint le Prix de la Critique internationale. Il est actuellement étudié dans la plupart des universités américaines.

Film La Zerda, ou les chants de l’oubli (Prix au Festival de Berlin, 1983)

http://www.medmem.eu/fr/notice/EPT00170
Un montage à partir des archives, de la mémoire et de l’histoire, sur le Maghreb colonial qui reposait sur la séparation entre les images exotiques en usage – organisées par les forces coloniales afin de fêter et applaudir les visites des politiciens français -, et la réalité vécue par la population autochtone évoquée dans la bande sonore. Les images françaises laissent entendre le chant des « autres oubliés » dans ce film.

Recueil de nouvelles Femmes d’Alger dans leur appartement

En 1832, dans Alger récemment conquise, le peintre Delacroix s’introduit quelques heures dans un harem. Il en rapporte un chef-d’œuvre, “Femmes d’Alger dans leur appartement”, qui demeure un regard volé. Un siècle et demi plus tard, vingt ans après la guerre d’indépendance dans laquelle les Algériennes jouèrent un rôle que nul ne peut leur contester, comment vivent-elles au quotidien, quelle marge de liberté ont-elles pu conquérir ? Dans ce recueil de nouvelles publié pour la première fois en 1980, Assia Djebbar raconte le vécu, la difficulté d’être, la révolte et la soumission, la rigueur de la Loi qui survit à tous les bouleversements et l’éternelle condition des femmes.

Pour aller plus loin

Becker, Ursula et Andrea Holstein (2006), « Assia Djebar », Voices From the Gaps. University of Minnesota. En ligne.
http://voices.cla.umn.edu/artistpages/djebarAssia.php
Chabrol, Dominique et Myriam Chaplain Riou (2015, 7 février), « Décès de la romancière Assia Djebar, membre de l’Académie française », Agence France-Presse. En ligne. http://www.lapresse.ca/arts/livres/nouvelles/201502/07/01-4842103-deces-de-la-romanciere-assia-djebar-membre-de-lacademie-francaise.php 
Chanda, Tirthankar (2007), « L’écriture-délivrance d’Assia Djebar », RFI. En ligne.
http://www1.rfi.fr/culturefr/articles/096/article_60903.asp
Devarrieux, Claire (2015, 7 février), « Assia Djebar, mort d’une grande voix de l’émancipation des femmes », Libération. En ligne. http://www.liberation.fr/livres/2015/02/07/assia-djebar-mort-d-une-grande-voix-de-l-emancipation-des-femmes_1197678 
Herzberger-Fofana, Pierrette (2011), « Prix de la Paix 2000 des libraires et éditeurs allemands à Assia Djebar, femme de lettres du Maghreb », Mots pluriel. En ligne. http://motspluriels.arts.uwa.edu.au/MP1701phf.html
Houda-Pépin, Fatima (2015, 9 février), « Mission accomplie, Assia Djebar », Le Devoirhttp://www.ledevoir.com/culture/livres/431266/mission-accomplie-assia-djebar
Leyris, Raphaëlle (2015, 7 février), « Mort de l’académicienne Assia Djebar », Le Monde.fr. En ligne. http://www.lemonde.fr/culture/article/2015/02/07/mort-de-l-academicienne-assia-djebar_4572120_3246.html
Matarese, Mélanie (2013), « Pourquoi Assia Djebar n’a pas eu le Nobel de littérature », Visa pour l’Algérie. En ligne.
http://blog.lefigaro.fr/algerie/2013/10/pourquoi-assia-djebar-na-pas-eu-le-nobel-de-litterature.html
Mortimer, Mildred (1988), « Entretien avec Assia Djebar », Research in African Literatures, vol. 19, no. 2, p. 197-205.
Verthuy, Mair E. (2002), « Doctorat honorifique – Éloge d’Assia Djebar, écrivain algérien », Concordia University Archives. En ligne.
http://archives.concordia.ca/fr/djebar
« Assia Djebar », Académie française. En ligne.
http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/assia-djebar
« Assia Djebar », Wikipédia L’encyclopédie libre. En ligne.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Assia_Djebar
Le cercle des amis d’Assia Djebar.
http://cercledesamisassiadjebar.jimdo.com
Le blog d’Assia Djebar : http://assiadjebar.canalblog.com

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